Nous avons débuté en 1991 avec l’azote. A l’époque, contrairement à aujourd’hui, le critère protéines faisait peu partie des préoccupations de qualité, on nous parlait beaucoup du PS. Pour comprendre à quoi servait ce critère et le besoin de qualité des blés, je suis allé à la rencontre de boulangers et de meuniers. Mieux connaître les contraintes techniques des utilisateurs est plus motivant pour trouver des solutions pour bien produire.

Quand les résultats de conseil azote sont arrivés, nous avons eu très chaud ! Nous n’avions pas l’habitude de travailler comme cela. Les pratiques étaient celles du père et du grand-père avec les applications standardisées de l’époque.

Le discours du consultant AGRO CONSEIL était très différent sur le PS et aussi sur le fractionnement. La façon de faire traditionnelle était d’apporter l’azote en 2 fois, alors quand nous avons vu le conseil avec un 3ème apport à appliquer à un stade plus avancé, nous nous sommes inquiétés et nous nous posions des questions sur le risque d’échaudage. Pour se rassurer, nous décrochions le téléphone pour avoir le consultant et lui demander « Tu es sûr ?! ».

A l’école on apprenait que si on apportait l’azote trop tard on allait tout faire coucher. Quand on part dans quelque chose d’inconnu, on a toujours une appréhension. Notre curiosité, notre questionnement régulier, notre envie de faire autrement nous a toujours fait avancer mais cela inquiète aussi.

Tout évolue autour de nous, il y a des niches dans lesquelles nous n’aurions jamais pensé travailler avec des critères particuliers. Nous avons pu nous y intéresser parce que nous savions produire avec les objectifs de qualité demandés. Je gère mes contrats blés de façon à gérer les risques.

Au fil du temps, avec l’expérience et les résultats sur blé, nous avons étendu l’utilisation du conseil azoté sur maïs et colza et adapté nos pratiques.

Ensuite nous avons utilisé la prestation de conseil en fumure de fond. Les analyses ont révélé des pH acides. Pour les remonter nous avons apporté du compost de champignons, ce qui était financièrement plus intéressant et permettait de répondre au conseil. Sur le terrain nous entendions des contradicteurs qui nous disaient que cela ne marcherait pas, que ça aller tout bloquer. Il faut dire que les conseils de chaulage étaient hauts, toujours en comparaison avec les habitudes de l’époque. Mais c’était nécessaire.

Les nouvelles parcelles font systématiquement l’objet d’un suivi en fumure de fond, de façon à avoir un état des lieux initial. Cela permet de bien gérer et lorsque l’on veut faire une impasse, il faut faire attention aux raisons et être prêt à assumer les conséquences.

L’approche agronomique d’AGRO CONSEIL était différente des cas d’école qu’on avait pu étudier. Et les autres interlocuteurs qu’on avait en face sortaient des mêmes écoles que nous, alors effectivement un discours différent, cela interpelle.

La compétence du consultant et sa façon de bien faire passer le message motivent notre volonté de suivre le conseil, surtout quand cela bouscule les habitudes. Il y a un climat de confiance, un partenariat avec lui. Comme le suivi est régulier et qu’il y a une bonne connaissance de l’exploitation par le consultant et le préleveur, cela permet un  gain de temps et des échanges constructifs.

Nous commercialisons nos blés meuniers en direct. Nous produisons des blés BPS et VRM. Les contrats étaient moins segmentés que maintenant avec les critères de qualité. Aujourd’hui, les protéines sont sur le devant de la scène.

En moyenne nous sommes à 12 de protéines et 91 quintaux en blés tendre avec, par exemple pour 2014, une variation allant de 11.8 à 14. Pour les blés durs, la même année, nous sommes en moyenne à 14.8 de protéines et 75 quintaux. Nous arrivons à obtenir la qualité et les rendements.

Quand on fait bien les choses, on en tire une satisfaction. Et c’est aussi cela qu’on attend du métier.